
Les Danses Silhouettes
Les Établissements Gaumont toujours à la recherche du progrès viennent d’éditer un film des plus artistiques: les danses silhouettes de Mlle Hippolyta d’Hellas.
Le procédé ordinairement employé en cinématographie consiste à reproduire les sujets avec tous les détails de lumière et d’ombre. Les Silhouettes, au contraire représentent les images dans une teinte uniformément noir, dont les contours seuls se détachent sur un fond clair.
C’est le procedé employé jadis dans la décoration des poteries anciennes et plus récemment dans les théâtres d’ombres. Appliqué au cinématographe avec tous des perfectionnements; sur impressions et éclairage variés, il donne des résultats merveilleux.
Mlle Hippolyta d’Hellas qui s’est spécialisée dans la reconstitution des dances antiques a bien voulu prêter son concours è la reproduction de trois tableaux différents:
1° Le sacrifice à Pallas Athéna, déesse de la beauté des arts et de la prudence guerrière chez les Grecs.
2° Le réveil.
3° Fantasie orientale.
Les danses sacrés chez les Grecs se faisaient sur un rythme lent et religieux avec des inflexions de corps du plus gracieux effect. C’était comme une prière vivante de tout l’être s’élevant dans des gestes suppliants vers la divinité.
Il semble que la reproduction en silhouettes, en dégageant les personnages de tous les détails de costumes, fasse mieux valoir que tout autre la souplesse incomparable et la grâce lascive des mouvements.
Le Réveil, jolie composition où les nymphes éveillant leurs compagnes les appellent pour saluer la lumière, rappelle una bande célèbre que les habitués des théâtres Gaumont n’ant pas encore oubliée.
La Fantasie Orientale, sorte de danse des poignards dans un mouvement endiablé, complète cette très artistique série de danses qui recevra, nous en sommes certains, di grand public épris d’art et de nouveauté, l’approbation qu’elle mérite.
S. Le Tourneur

La Compagnie Générale de Phonographes, Cinématographes et Appareils de Précision (Anciens Établissements Pathé Frères) met en garde la clientèle, Messieurs les Exploitants et Messieurs les Loueurs, contre certaines vues dont elle fait l’édition à titre exclusif, notamment les vues de sa marque Pathé Frères, offertes venant de l’étranger, dont l’exhibition est interdite en France, ainsi qu’ils pourront facilement s’en rendre compte dans le cas où ils passeront outre, car ces vues, sur toute la longueur, portant en manchette: « Exhibition interdite en France, en Suisse, en Belgique ».
La compagnie fait toutes ses réserves dans le cas où elle apprendrait qu’une ou plusieurs de ses vues passent dans un Établissement quelconque, et au besoin des poursuites seront exercées à ce sujet.
Didon
Parmi les grands sujets de l’Antiquité légendaire dignes de tenter le bon goût dramatique de la maison Ambrosio, l’histoire de Didon, jusque là inédite au cinématographe, s’offrait particulièrement attrayante. Ce n’était pas là mince entreprise, car le metteur en scène, guidé par la poésie majestueuse de Virgile, se devait à lui-même de ne pas trahir son modèle et de faire œuvre vraiment artistique. Disons tout de suite che M. Ambrosio y a triomphé et que le nouveau chef-d’œuvre ouvre solennellement l’année 1911.
Les décors y sont traités avec une splendeur et un pittoresque auxquels les films Ambrosio doivent leur prestige. Les costumes y sont variés, riches et conformes aux rares données historiques de l’époque. Quant à l’action, très clairement conduite, elle nous montre en une série de tableaux harmonieux et dramatiques, les progrès d’une passion fatale inspirée à la reine Didon par le fameux héros troyen Enée, fils d’Anchise et fondateur de Rome, selon quelque tradition. Eperdue d’amour, la malheureuse Didon oublie des devoirs de reine et, finalement abandonnée par celui qu’elle croyait s’attacher, n’a recours que dans le suicide. Elle meurt consumée par les flammes du bûcher.
Interpretation puissante, photographie irréprochable; choix excellent des paysages; mouvements de foules, défilés et cortèges… toute l’œuvre est réussie.
Très gros succès assuré.
Roma, 15 gennaio. In questi giorni le Case Cinematografiche sembra abbiano fatto a gara nel produrre delle films d’arte, che tanto nella parte scenica, come nell’interpretazione dei singoli personaggi, sono riuscite interessanti e del massimo effetto.
Sono meritevoli da notarsi: l’Angusta, la Morte di Camoens, la Semiramide, l’Erede, Agrippina; ma fra tutte quella che ha destato maggior interesse è stata l’Inferno, tratta dalla Divina Commedia di Dante, della Casa Helios di Velletri.

(Fine della prima parte)
Immagini e testi: Archivio In Penombra, Media History Digital Library, The British Newspaper Archive.