Echos du cinéma septembre 1922

Paris, la Rue Soufflot et le Panthéon
Paris, la Rue Soufflot et le Panthéon

Le Musée du Ciné de la Ville de Paris
Aurons-nous enfin un Musée du Cinéma de la Ville de Paris? Il semble que nous soyons sur le point d’enregistrer cette victoire de l’Art muet. Voilà plusieurs années qu’un homme travaille à gagner cette bataille. Cet homme est M. Victor Perrot, de la Société des Amis de Paris et du Vieux Montmartre. Il est un admirateur passionné du cinéma. Il a bataillé dans les milieux officiels pour démontrer que la pellicule possédait des vertus à nulle autre pareilles et qu’on pouvait lui demander beaucoup. M. Victor Perrot a été le premier à soutenir cette thèse, qui n’est pas si paradoxale qu’on pourrait le croire: « Le cinéma tuera le livre ». Il a demandé au Conseil municipal de Paris à plusieurs reprises d’acheter tous les films concernant l’histoire de la capitale et de les conserver dans une sorte de musée-bibliothèque. Mais ses efforts étaient vains et l’on n’était pas éloigné de le considérer comme un illuminé. Avec une énergie qui ne s’est jamais démentie une minute, M. Victor Perrot a néanmoins continué la lutte. Il a obtenu cette fois presque gain de cause, le Conseil municipal ayant demandé un rapport sur la question et s’étant montré favorable. Le Musée coûterait 25.000 francs par an d’entretien.

Le Microscope et le Cinéma
Plusieurs lecteurs nous demandent comment on a pu cinématographier les microbes. L’inventeur du procédé est un savant remarquable, le docteur Comandon, qui est directeur du Laboratoire cinématographique de la direction des inventions et aussi chef des services et laboratoires scientifiques de Pathé-Consortium. Le docteur Comandon fit connaître sa découverte en 1909 à l’Académie des sciences. Il se servait d’une lampe à aride 40 ampères. Cette lumière passait à travers une lentille diaphragmée qui la dirigeait sur la préparation contenant les microbes, ou sur un miroir. Le microscope était placé derrière un soufflet qui le reliait à l’appareil de prise de vues. Un dispositif ingénieux permettait de maintenir les microbes dans le champ. Une cuve è eau s’intercalait entre le microscope et la lampe à arc. Cette partie du mécanisme employé donna lieu par la suite à des perfectionnements, car il arrivait que les microbes ne pouvaient supporter la chaleur extrême ou la luminosité très grande des rayons. Le docteur Comandon parvint de la sorte à prendre des films admirables et qui, malheureusement, sont ignorés non seulement du public, mais encore des savants. Citons ceux qu’il prit sur les protozoaires, sur la circulation di sang. Espérons q’un jour viendra où tous les laboratoires de biologie posséderont un appareil Comandon pour opérer diverses études.

Valentino Matador
Le célèbre artiste américain Rudolph Valentino va tourner un rôle de matador, sous la direction de Fred Niblo, le réalisateur bien connu, dans un film qui s’intitulera probablement Du Sang sur le Sable. Le jeune premier voulait primitivement faire un voyage en Espagne pour s’initier à quelques-uns des mystères de la tauromachie. Mais Fred Niblo s’y opposa, prétendant que son interprete n’avait pas besoin de se rendre au pays de Don Juan pour apprendre à devenir un matador de l’écran. Le célèbre toréador Rafael Palomar fut engagé aussitôt par la firme affinée servir de professeur à Valentino. Ce dernier s’est mis à l’entrainement et s’exerce réellement à combattre les taureaux dans une enciente où les curieux ne peuvent pénétrer. L’artiste est, paraît-il habile à manier la petite cape et l’épée. Mais Rafael Palomar a reçu l’ordre de ne pas le quitter, afin d’éviter un accident toujours possible.

La Crise Italienne
Le cinéma, qui connut en Italie des jours heureux, traverse en ce moment une crise pénible. Les plus grandes firmes italiennes ont beaucoup de mal à produire. Vingt mille personnes vivaient de l’Art muet en Italie, si nous en croyons notre excellent confrère La Semaine cinématographique, et elles ont dû abandonné les studios. Cette catastrophe est due en particulier à l’effondrement de la Banca Italiana di Sconto qui subventionnait la plupart des firmes. On ne peut que déplorer cette situation; les Italiens avaient créé un genre où ils s’étaient illustrés: celui des reconstitutions historiques et des films à grand e figuration. Ils avaient formé des troupes très homogènes et nous souhaitons de tout cœur que la renaissance du film italien se produise bientôt. Nous sommes désireux de revoir souvent à l’écran des artistes comme Francesca Bertini, Pina Menichelli, Maria Jacobini, Almirante Manzini, Soava Gallone.