En Suisse

Dr. Calligari
Le cabinet du docteur Calligari

1er Octobre 1921. Nous disions dans une de nos dernières chroniques que le cinéma faisait de très grands progrès en Suisse et qu’il allait toujours plus de l’avant. Aussi, aujourd’hui, avons-nous le plaisir d’annoncer à nos amis de France qu’il vient de se fonder en Suisse une société des Amis du Cinéma, S. D. A. C. Les buts que se propose d’atteindre cette société sont les suivants :

1. Permettre aux amateurs de cinéma de se connaître et de se réunir pour échanger leurs idées;

2. Les mettre à même de communiquer leurs desiderata aux propriétaires de salles;

3. Travailler en commun à généraliser l’utilisation du cinématographe dans le domaine scientifique et éducatif.

4. Etudier les moyens pratiques de développer en Suisse l’Art cinématographique et de le défendre contre les attaques injustifiées.

Le siège central de la Société se trouve dans les bureaux de la Revue suisse du Cinéma, à Lausanne, organe officiel de ladite Société, dont la direction du groupe de Genève a été confiée à notre confrère M. F. de Marcigny, du Journal Français.

La semaine passée, ont été présentés chez Eos Film Bâle, quelques nouveaux films apportés par M. R. Rosenthal, notamment le Fruit défendu, avec Agnès Ayres ; l’Ile de la Désillusion ; le Sergent O’Malley, avec William Hart.

Un des derniers grands succès du film français en Suisse fut Micheline, aree la jolie Geneviève Félix. La critique entière ne cessait pas de louer ce film et surtout son interprétation, grâce à la muse de Montmartre, ou « nouvelle Suzanne Grandais » comme l’a si bien surnommée le distingué et très compétent critique de la Tribune de Genève.

A Genève, l’Apollo, qui vient de rouvrir ses portes, commencera dès la semaine prochaine la Pocharde.

L’Omnia, un des plus grands cinémas de Suisse, rouvrira prochainement sous la direction de M. Roux, un fervent admirateur du film français.

La « Fox-Film » vient de décider la création d’une succursale à Genève.

A Bâle, une nouvelle agence de films vient de se créer, c’est la Liga-Film.

A Chaux-de-Fond, notre confrère l’Effort a commencé la publication d’un supplément hebdomadaire l’Effort cinématographique.

La Revue suisse du Cinéma annonce qu’une des lauréates du concours de la plus belle femme de Suisse, Mlle Simone Jaquier, vient de partir pour l’Amérique avec un joli engagement cinématographique.

M. Robert Lozeron a été nommé directeur de l’agence suisse de la Select Distribution de Paris.

A Lausanne, prochaine inauguration du ModernCinéma.

Notre bon confrère Cinéma, de Genève, a ouvert une grande enquête sur le cinéma auprès des écrivains et artistes suisses, enquête qui obtient le plus grand succès et tout à l’honneur du cinéma.

Nous tenons à féliciter bien sincèrement la Compagnie générale du Cinématographe pour le bel effort qu’elle accomplit. Après nous avoir présenté un grand nombre des plus beaux films français, elle nous donnera, la semaine prochaine, l’Atlantide.

Remercions, en outre, ses directeurs pour l’amabilité dont ils font preuve envers la presse. Ce sont là des choses que nous ne devons pas laisser passer sous silence.

Nous avons eu cette semaine la primeur du célèbre film allemand le Cabinet du docteur Calligari ou Une heure chez les fous. Film, disons-le tout de suite, qui a obtenu un très grand succès de curiosité.

Voici en quelles phrases débute M. Bernard, le critique de la Tribune de Genève, dans sa chronique du 11 courant: « Calligari ! Calligari ! Calligari ! Ce nom baroque, qui sonne comme un carillon moqueur et obsédant, c’est décidément le refrain de cette semaine à Genève. Tous les échos se le renvoient. Et les chroniqueurs cinématographiques ne peuvent plus faire un pas sans être accrochés par le revers de l’habit: Eh bien, ce Calligari ?? Et le soir, par deux fois, la rue est animée du cortège de ceux qui « vont voir » et du cortège de ceux qui l’« ont vu ». Dans ces conditions, il est difficile de se dispenser d’en parler ici. Mais c’est là une terrible affaire !… »

Notte avis est que, question technique et question artistique mises à part, ce film est des plus abrutissants…

Roger GAILLARD.
(Hebdo-Film)