Le brasier ardent Albatros 1923

Ivan Mosjoukine dans Le Brasier Ardent (Film Albatros

Paris, juin 1923

Un texte inutile correspondant au désir de prendre ses précautions à l’égard d’un public déjà suffisamment averti, précède la projection du remarquable film d’Ivan Mosjoukine. Est-il bien nécessaire de rappeler au spectateur que le Cinéma en est encore à ses premiers pas? Cette assertion, dont les critiques cinégraphes eux-mêmes abusent trop souvent, ne nous paraît avoir qu’une valeur extrêmement relative. Le Ciné d’aujourd’hui s’adapte à notre sensibilité présente, il est inspiré par elle; il lui est trop souvent inférieur, inconscient qu’il semble rester de l’intelligence du Public, surtout populaire; lorsqu’il la bouscule un peu, s’efforce de l’entraîner, de l’affiner, on dit que c’est du Ciné d’avant-garde. Je ne crois pas qu’il y ait en France des artistes véritables résolus à priori à bouleverser les données établies par la logique de l’esprit et les exigences du cœur. Chacun travaille selon sa conception propre du drame universel, selon sa vision personnelle, ses aspirations, et voilà tout. C’est ce qu’Ivan Mosjoukine vient de faire d’une manière éclatante. Et c’est, au fond, cette simplicité de principe qui a dérouté la critique.

C’est cela que l’on aurait dû nous dire sur l’Ecran avant de dérouler sous nos yeux la bande discutée du Brasier ardent. Si l’on voulait absolument nous prévenir de quelque chose il ne fallait pas nous demander « de ne pas en vouloir à l’auteur » mais simplement jeter à la face des spectateurs une phrase dans le genre de celle-ci: « Ce film a été fait par des artistes, selon leur cœur et leur esprit ».

Cette vérité simple, qui est à la base de toute œuvre sincère disparaît aujourd’hui de notre vocabulaire, peut-être avec la sincérité elle même. Certaines personnes, plus averties que moi à n’en pas douter, m’ont dit, après la première vision du Brasier: « Ce n’est pas assez extravagant ». D’autres: « C’est un film illogique, dont le début promet mais dont la suite ne tient pas ». J’avoue que je n’ai pas voulu les entendre. J’ai certainement eu tort. Mais le film de Mosjoukine m’avait profondément ému et je me suis défendu. Antoine avait-il raison de dire que nous retrouvons devant l’Ecran la mentalité passive d’enfants sages devant la lanterne magique? Sans doute. Mais il y a, dans la compréhension d’une œuvre d’art quelle qu’elle soit un principe de sympathie, au sens large du mot, que je m’efforcerai toujours de conserver.

Sans ce principe, un peu trop oublié dans la bataille présente des origines du Cinéma, il n’y a pas de communication directe entre un auteur et son public. L’œuvre aussitôt s’objective, se désarme devant les instruments bien aiguisés des critiques. Cette expérience, pour l’excellence du métier et l’épreuve finale des résultats, est nécessaire. Mais elle ne doit pas supprimer l’autre, la grande, la généreuse expérience subjective. C’est à ce point de vue que nous avons voulu nous placer pour comprendre et juger Le Brasier Ardent.

Les résultats ne nous ont pas déçu, puisque nous nous sommes aperçus, au-delà de la belle émotion que nous devions à notre sympathie, que nous avions compris, grâce à elle, ce qui avait échappé à d’autres. Notamment la soi-disant contradiction entre les deux parties du film, imaginaire et réelle, ne nous est pas apparue. Nous sommes, peut-être, doués d’une vue plus faible. En ce cas, laissez-nous vous exposer la chose, et nos lecteurs jugeront eux-mêmes:

Une femme, partie de bas, a été gauvée par un homme essentiellement bon. Voilà la première donnée, très simple. Dans son cœur et dans sa pensée tourbillonnent des forces encore obscures. Ces forces la poussent irrésistiblement vers un être qu’elle ne connaît pas. Avant de s’eudormir, elle a lu un livre sur les exploits du célèbre détective Z, elle en a contemplé les illustrations qui le représentaient sous plusieurs déguisements. Elle s’endort. Dans son rêve, elle se sent attirée violemment au dehors de sa vie. Elle brûle. Elle est, par son état d’âme, sur le brasier ardent. Des mains puissantes la traînent par les cheveux. Tout-à-coup, le visage de celui qui la torture et cherche à l’attirer vers lui apparaît. Elle fuit, elle se heurte au malheureux qui est son mari et lui crie: « Femme, arrête-toi! » Elle pénètre dans un lieu de luxe et de débauche. Parmi les femmes étendues, un homme passe, souverain et dédaigneux. C’est Z. Brusquement, comme dans tous les rêves, les images changent de décor. Puis, voici la cathédrale. Elle se marie, avec l’homme bon qui est effectivement son époux. Logique du souvenir. L’évêque les bènit et lui dit: « Va retourne à ton foyer ». C’est le même visage qui la poursuit. C’est Z. Elle sort de la cathédrale, un mendiant lui tend les mains. C’est encore lui. Elle le secourt. Elle lui donne tous ses bijoux. Il n’en veut pas, les laisse tomber sur le sol, continue de tendre les mains, puis, se tue. Désespérée, elle se jette dans les bras d’un autre mendiant: son mari. Elle s’éveille.

Rêve cohérent. Les flammes qui brûlent à ses pieds et autour d’elle pendant qu’elle le vit rendent l’état de son cœur. C’est le Brasier Ardent, c’est la passion qui couve. Le mendiant d’amour qui se traîne après elle, la retient et lui crie : « Femme, arrête-toi! » c’est bien la symbolisation du mari amoureux et bon qui l’a sauvée et auprès duquel elle vit, indifférente à son égard, tourmentée par ses désirs secrets. L’homme qui l’attire par les cheveux vers le bûcher, c’est l’Inconnu qui l’attend dans le proche futur, c’est l’Homme du Destin dont elle a le pressentiment brûlant. Les autres incarnations de rêve de celui-ci correspondent à des époques du rôle qu’il va jouer dans la réalité. Un jour, avec le même visage, il passera parmi des femmes étendues, dans un lieu de débauche plus précis. Plus tard, il aura la même expression sereine que l’Evêque et prononcera les mêmes paroles : « Va! Retourne à ton foyer ». Enfin, quand il aura lui-même succombé à l’amour, il sera le mendiant douloureux qui refuse les présents qu’on lui offre et se tue.

Le Rêve annonce la Réalité. Je n’ai pas trouvé que la vision de celle-ci fut en désaccord avec celui-là. L’Homme du Destin c’est le détective Z, celui précisément dont les images, dans le livre de ses Exploits, ont suscité et amené le Rêve. Coïncidence voulue, fantaisie qui ne fait qu’accentuer l’emprise du film. La Femme s’éveille et la Réalité se déroule, dans une atmosphère légère et désinvolte qui est, à notre sens, une grande et profonde habileté. C’est le Rêve qui est pesant, fatal, irrémédiable. La Vie, représentée par le film de Mosjoukine, ne le reproduit pas. Elle a bien son aspect trompeur et souriant, son allure dégagée. Elle ne rappelle le Rêve que par les coups successifs, espacés, du Destin. C’est bien ainsi que les choses se passent. C’est peut-être aussi ce qui a dérouté certains. Mais nous ne croyons pas avoir lu d’étonnement sur le visage des spectateurs, aux séances du public et ceux-ci paraissaient emportés par le flot des événements sans se reporter froidement, maladroitement aux épisodes du Rêve. Seuls les visages apparus dans le Pressentiment de début, seules les deux paroles prononcées reparaissent « Femme, arrête-toi! » et « Va, retourne à ton foyer! ». C’est assez.

Oui, les événements se déroulent dans une atmosphère de fantaisie délicieuse. L’excentricité du Club des Chercheurs nous est apparue très supérieure à celle de la foire cubiste du Docteur Caligari. Le décor en est franchement intéressant au lieu d’être une déformation recherchée. Le style y remplace la folie. Les scénes du Chœur des Psychologues sont d’une ironie charmante, nullement ridicule. Elles évoquent l’idée d’une parodie visuelle de ces chœurs d’opérette ou d’opéra-comique que l’on ne pourrait plus réellement parodier tellement ils sont comiques par eux-mêmes. La scène, surtout, où la Femme vient de surprendre Z dans sa chambre en possession d’une précieuse serviette, qu’elle a volée, nous a séduit. Son déroulement en est essentiellement inattendu. Deux adversaires sont face à face, une jeune femme, un jeune homme. Celui-ci a su s’emparer d’un objet auquel l’autre tient. D’abord, elle tente de s’en emparer à nouveau par l’adresse, puis elle supplie, se fait câline, séductrice. Rien n’y fait. Alors, ils parlent. Et, pour la première fois, l’Art Silencieux se substitue sans faiblesse à la scène de comédie. Z apprend que l’attraction de Paris seule retient la Femme, l’empêche de vivre heureuse dans son foyer, de suivre son mari. Ils ouvrent la fenêtre et regardent la place de la Concorde. Ils évoquent des souvenirs de plaisirs et de joie. Ils sont charmants de simple jeunesse. Ils parlent de spectacles, de music-hall, de revues à grande mise en scène, de tours de force, ils les reconstituent, à deux. La serviette, enjeu oublié du duel, joue son rôle muet. Cette scène nous a rappelé la manière de M. Sacha Guitry.

L’émotion, dans cette remarquable bande, n’a rien de facile ni de prévu. Certains duos silencieux de Z et de la Femme ont une noble puissance et se jouent sur des fonds nus qui donnent plus d’acuité encore à l’expression des visages. Les moments de faiblesse de l’homme sont pathétiques par leur simplicité enjouée. La scène des maux de dents, auprès de la vieille grand-mère qui n’en est pas dupe, est véritablement touchante. La joie finale est une explosion de jeunesse où apparaît le double caractère du héros, l’un de rigueur et l’autre franchement humain. De cette dualité difficile, nécessaire au dégagement de l’émotion, de l’héroïsme et de la sympathie, l’auteur s’est tiré avec maîtrise et sans aucune lourdeur.

On ne peut dire que ce dénouement heureux soit illogique. Le mendiant du rêve, en effet, ne se tue pas réellement. Son geste est symbolique de son sacrifice d’amour: ce n’est pas le pressentiment d’un drame sombre. Il faut, d’autre part, proclamer que le Brasier fourmille de qualités. La scène du cabaret de Montmartre est nouvelle, ce qui peut paraître prodigieux, si l’on tient compte de la débauche de restaurants de nuit que nous subissons dans la production cinégraphique de cette année. Son rythme en est prenant, saccadé, tragique, au point que le vaste orchestre de Marivaux peut à peine le suivre et lui paraît inférieur.

La technique de ce beau film est remarquable. Le Club des Chercheurs en est une preuve étonnante et plus encore, peut-être, cette descente d’escalier du cabaret dont le rythme de danse nous installe d’autorité dans la nouvelle atmosphère. Un grand nombre d’idées ingénieuses fourmille. Les négatifs sont inattendus et logiques. Le défilé des ombres devant l’horloge produit une impression marquante.

Le film de Mosjoukine est, à n’en pas douter, une manière de chef-d’œuvre et nous sommes heureux qu’une grande salle des boulevards ait su le montrer au public parisien.

Nous en sommes heureux pour l’auteur, pour nous-mêmes, et surtout, pour cette vaillante Société des Films Albatros, dont l’effort soutenu en faveur du beau film, est un gage de succès certain dans le présent et l’avenir.

Jean Tedesco.

Contro un preconcetto

Torino 10 Giugno 1923

Specifichiamo subito: il preconcetto è la fobia contro il film straniero. Un malinteso senso di opportunismo nazionalistico, ad una gran parte di coloro che, in buona fede, desidererebbero di portare la loro piccola pietruzza alla ricostruzione cinematografica italiana, suggerisce di gridare al boicottaggio contro le pellicole estere, invocando per esse il più rigido ostracismo.

La questione fu da noi già trattata e risolta; ma, poichè l’equivoco persiste, non possiamo esimerci dal tornare sull’argomento, sia per lumeggiare efficacemente la situazione industriale e commerciale nei confronti con l’estero, sia per chiarire di fronte a tutti il nostro pensiero, che s’ispira alla visione esatta del problema, considerato da un lato positivo. Premettiamo che dobbiamo, prima di iniziare la discussione, corazzarci contro a certi attacchi di quanti, dotati di scarso spirito di discernimento, potrebbero equivocare sul nostro pensiero e tacciarlo di poco omaggio verso l’industria nazionale.

Ma tutta la nostra opera triennale, ininterrottamente ispirata ad un sano criterio di valutazione delle cose, ci garantisce contro ogni accusa e ci premunisce contro tutte le insinuazioni, per dimostrare luminosamente che noi cercammo sempre, e soltanto, di cooperare al bene della patria industria cinematografica. Serivono dunque gli oppositori ad ogni costo, che il mezzo efficace per la risoluzione della crisi cinematografica italiana consiste nel bandire dalle sale di proiezione i films stranieri; per cui da parte di tutti coloro che alla questione guardano superficialmente, che d’una loro personalissima opinione, non suffragata da verun fatto, fanno un assioma, muove un coro quasi unanime: « Escludiamo la produzione estera! Si disertino i locali, ove si rappresentano i lavori stranieri! ». Essi, ergendosi fieramente nel loro atteggiamento d’irriducibili negatori, sono convinti di rendere un grande servizio all’industria nazionale e di infliggere una meritata lezione a quanti si rendono responsabili di leso patriottismo. Premettiamo che non abbiamo mai compreso in quale modo il boicottaggio alla produzione straniera possa contribuire al risanamento dell’industria italiana. Se il pubblico frequenta le sale ove si rappresentano lavori esteri, gl’introiti sono ricevuti dalle cassette italiane, e, anzi, di questi introiti una buona parte passa direttamente nelle casse dello Stato. Piuttosto resta ad esaminare a quale condizione tali films ci sono provenuti dall’estero, ed è questo punto che considereremo noi.

Ma, tornando alla questione del film straniero in se stesso, vediamo quali fatti essenziali non bisogna dimenticare. Allineare un certo numero di parole in un articolo, o pronunciare frasi roventi in un discorso, siano pure articolo e discorso ispirati dalla nobile intenzione di contribuire ad un beneficio per l’organismo nazionale, è presto fatto, e come espressione d’un intento può essere lasciato indisturbato; ma quando dal verbalismo si deve passare alla concretezza dei fatti, quando alla critica avventata deve subentrare l’esame serio ed obiettivo, allora si riscontra che assai diversamente consiglia l’esperienza e che la realtà è ben altra cosa dalle ideologie. Si è più volte constatato e dimostrato che la sola vendita in Italia non basta a coprire le spese di fabbricazione: se anche si riuscisse a collocare un film in tutti i locali della penisola, non sarebbe ancora sufficiente per realizzare il necessario guadagno in confronto alle spese di produzione e di proiezione. Di qui, la necessità di aprire ai nostri lavori degli sbocchi sui mercati stranieri, procurando di avere fuori dei nostri confini, quell’aumento di collocazione, che può rappresentare un vantaggio morale e finanziario, se non sempre immediato, almeno di efficace riflesso. Ora, è possibile supporre di tentare per conto nostro la penetrazione dei mercati stranieri, chiudendo all’estero le porte di casa nostra? L’ipotesi è puerile ed assurda: l’espansione non è un fatto unilaterale; ma si basa sopra un movimento di libero scambio. Il commercio ha sempre avuto, come elemento essenziale, la formula: do ut des; per cui è perfettamente inutile inibire l’accesso agli altri, se vogliamo, attraverso a quelle stesse frontiere, aprirei noi il varco. Ci si obietterà che in questo caso l’accoglienza dei films stranieri viene a neutralizzare l’introduzione della nostra merce all’estero; ma resta sempre a vedere in quale misura la produzione nazionale si sarebbe collocata in Italia, ed in quale misura può venire smaltita all’estero. Ma a queste, che sono ragioni puramente finanziarie e che possono essere risolte a nostro favore semplicemente dall’abilità e dall’oculatezza dei commercianti preposti alla delicata funzione di presiedere agli scambi internazionali, sovrastano altre d’ordine superiore e più generale: quello artistico e morale. Che cosa vorrebbero i banditori dei lavori stranieri? Chiudersi entro una Muraglia Cinese? Ciò sarebbe veramente deplorevole per l’arte italiana che, forte del suo valore ed orgogliosa della sua potenza universale, deve sentire il bisogno di superare i confini, di andar più oltre e d’imporsi all’ammirazione del mondo. Per conseguire tale fine è necessario aprirci quante più vie è possibile, procacciarci quanti più mezzi si può per far emergere il valore della nostra produzione; può darsi che ciò imponga dei sacrifici; ma a questi è doveroso sottostare in vista della nobiltà e dell’utilità del fine che, in un avvenire non lontano, sarà certamente realizzato. Il trionfo di domani dev’essere un incitamento ad affrontare ed a sostenere gli eventuali sacrifici presenti. I quali sono poi assai ipotetici; mentre sarebbe certo il fallimento, qualora si adottasse la politica delle barriere impenetrabili, proposta da alcuni irresponsabili, i quali vorrebbero, trattandosi di un organismo malato, per curarlo, lasciarlo morire. Credano pure tutti i Crociati contro la produzione estera, — ai quali noi riconosciamo la bontà delle intenzioni — la politica negativa non ha mai risolto nulla, perché non ha nessuna capacità pratica, ed il grido di guerra contro lo straniero, in questo caso, si risolve in un vano clangore di trombe, più o meno squillanti, il quale può avere, al massimo, il potere d’irritare coloro cui è diretto, senza affatto deprimerli, e senza recare il minimo contributo alla causa che si sostiene. Anche nel secolo d’oro vi fu un Pontefice che si esaltava al grido di: « Fuori i barbari! », ma la sua politica stessa, era poi una condanna del motto di battaglia. Ai tempi nostri poi, lo scambio universale è l’unica forza incontrastabile, e la più efficace valvola di sicurezza del commercio e dell’industria nazionale.

Inoltre, limitandoci al campo artistico, non dobbiamo disconoscere che ogni Nazione possa avere alcunché da imparare dalle altre, e questo è un fatto che non è affatto debolezza ammettere. L’arte è un continuo divenire, e come tale si vale del concorso di tutti. Di conseguenza, per quanto in fatto d’arte il nostro Paese possa veramente vantarsi della sua situazione privilegiata, non è affatto degno di noi, contestare (come fanno alcuni cinematografici commentatori) alla produzione estera qualsiasi elemento artistico.È un metodo troppo infantile, che fa torto a chi se ne serve, quello di denigrare sempre e di proposito la produzione altrui per magnificare la propria. L’affermare, ad esempio, che l’America non riesce a darci altro che un iperbolico genere avventuroso e che la Germania non possiede lavori artistici, è un voler dimostrare che non si sa guarire della malattia di generalizzare. Poichè, se così non fosse, si dovrebbe riconoscere che, se per l’America si possono deplorare eccessi e per la Germania lamentare difetti, tanto l’una quanto l’altra, possiede però dei capolavori e degli artisti, che sono onore e vanto della cinematografia mondiale. E ciò ci sentiamo di poter doverosamente affermare noi, che fummo i primi ad insorgere, da queste colonne, contro coloro che, in altri momenti, per puro opportunismo, provarono dei veri capogiri per la produzione americana o germanica, al punto da vituperare inconsideratamente quella nazionale.

Quindi, concludendo, diciamo che sono perfettamente sterili: e le rodomontate di chi vuol mettere sempre tutto a ferro e fuoco, e le critiche aspre di giudici inaciditi, pronunciate, le une e le altre, per chiedere l’esclusione dei films stranieri, fatto impossibile per ragioni materiali ed ideali. Ciò ch’è necessario è il miglioramento della produzione, e la valorizzazione piena e completa di essa all’estero, mediante saggi contratti, mediante la tutela assoluta di tutto quanto è nostro e mediante un’opera di ottima e solida divulgazione dell’arte cinematografica italiana fra i paesi di tutta la terra.

Questi sono i fatti indispensabili al risanamento; tutto il resto è vaniloquio, è retorica fuor di luogo!

La Rivista Cinematografica.

Pendant que l’on tourne Kean

Montreuil, Mai 1923

Après Le Chant de l’Amour Triomphant, dont nous avons eu l’occasion de parler, et qui fait revivre devant nous l’époque poétique de la Renaissance italienne, voici que la Société « Albatros » tourne un scénario tiré de Kean, d’Alexandre Dumas. et dont elle a confié la mise en scène à M. Alexandre Volkoff, le créateur de La Maison du Mystère. Ce nouveau film va évoquer, devant les yeux des spectateurs, la vie de Londres au début du siècle dernier.

Le public ne se doute jamais de l’énorme travail de préparation qu’exige la mise en scène des films qui se passent à des époques différentes de la nôtre. Pendant des semaines et des semaines, j’ai pu voir MM. Volkoff, Mosjoukine, le principal interprète, Lochavoff, le décorateur d’« Albatros », entourés de nombreux techniciens, étudier d’après les documents de l’époque, la vie, les costumes, les intérieurs d’il y a cent et quelques années. C’est seulement à la suite de ce minutieux travail que l’on a préparé les maquettes des décors et des costumes. Les soins que l’on devait y apporter étaient d’autant plus délicats que, en plus des scènes de la vie de la grande société londonienne et des tavernes de matelots, on verra reconstitué sur l’écran le fameux théâtre de Drury-Lane, avec sa salle de spectacle au cours des représentations de Roméo et Juliette et d’Hamlet.

Fidèle à sa tradition artistique, la Société « Albatros » a particulièrement soigné ce côté de la mise en scène. Non moins brillante sera la distribution qui réunira sur l’écran les noms de nombreuses vedettes internationaies. En effet, jamais peut-être jusqu’à présent, un film n’a groupé autant de représentants de différentes nationalités. Nous y verrons les Russes, Ivan Mosjoukine, dans le rôle de Kean; Nicolas Koline, dans celui du souffleur Salomon ; Nathalie Lissenko (la comtesse de Koefeld), les Français Bras et Deneubourg ; le Danois Otto Detlefsen, (le Prince de Galles) ; le grand artiste et scénariste anglais, Kenelm Foss, (Lord Mewil), et la toute gracieuse jeune Anglaise Mary Odette, dans le rôle tragiquement sentimental d’Anna Damby.

Depuis trois semaines, le studio de Montreuil est de nouveau empli de ce bourdonnement de travail actif et ordonné qui caractérise si bien l’homme méthodique qu’est M. Volkoff. J’aurais bien voulu m’entretenir plus longuement avec lui, mais on n’ose pas l’aborder tellement on le voit surchargé de besogne. C’est tout juste si j’ai réussi à échanger quelques paroles avec lui.

— Eh bien, cher Monsieur, lui dis-je, vous devez être aux nues. Si je ne me trompe, Kean est un sujet qui, depuis longtemps, vous tentait au même titre que notre ami Mosjoukine.…. Je crois que vous voilà entouré de tous les éléments de succès.

— Oui, mais cette mise en scène est hérissée de difficultés. Vous avez vu ce que nous avons eu à faire pour les décors et les costumes. Mais ce n’est gas tout. II y a encore la question des usages et du maintien qui n’étaient pas, il y a cent ans, ce qu’ils sont maintenant. Ceux qui voudront, dans l’avenir, reproduire notre époque auront, certes, plus de facilités que nous, car il n’auront qu’à revoir les films contemporains pour avoir une image vivante de notre temps. Nous n’avons pas, hélas! cette ressource. D’ailleurs, le travail n’en est peut-être que plus intéressant. Surtout n’oubliez pas de dire l’accueil charmant que nous avons trouvé partout où nous avons porté nos pas à la recherche d’une documentation authentique. À ce point de vue, l’Administration de la Bibliothèque Nationale a été particulièrement aimable puis-qu’elle nous a autorisés à faire prendre par notre opérateur des photos de sa collection d’estampes. Mais excusez-moi, voilà que mes appareils sont en place; je vais recommencer le travail. Ne vous gênez pas, vous êtes chez vous ici. Promenez-vous à votre guise, observez et merci de votre visite.

C’est une scène dans le vestibule de la maison de Kean. Le célèbre artiste est harcelé par ses créanciers qui tentent d’envahir sa demeure et de se saisir de ses meubles. Très ennuyé, Kean ne sait que faire, çar il n’a pas sur lui l’argent nécessaire. L’aura-t-il jamais, lui qui dépense son argent aussi facilement qu’il le gagne? Soudain, une idée ingénieuse lui vient. En un tour de main, il a fait endosser une peau de tigre à son fidèle Salomon, le souffeur de théâtre de Drury-Lane qui, jusqu’à la mort, restera entièrement dévoué à celui qu’il considère comme la plus grande gloire du Royaume-Uni. Et tandis que Kean se cache derrière une colonne pour ne rien perdre de la scène burlesque qui va se dérouler, Salomon rugit terriblement, fait des bons de félin et menace de ses griffes les créanciers terrorisés qui s’empressent d’abandonner la place.

Dans cette scène, M. Koline est réellement inénarrable. Cet artiste nouvellement venu au cinéma, puisque La Maison du Mystère à été son premier film, s’affirme de plus en plus comme une des plus brillantes vedettes de notre écran.

Quant à M. Mosjoukine, il ne vit actuellement que par son rôle dont il étudie et discute les moindres nuances. Le maquillage n’a pas de secret pour lui et il a su se composer des têtes remarquables.

— Que tout cela est compliqué, me dit-il, pendant un arrêt de son travail. Je crois comprendre Kean et le sentir, mais il y a le public… Saurai-je l’atteindre à travers l’écran. Kean est un acteur. Dans l’expression de ses sentiments les plus sincères, les plus profonds, lès plus intimes dans la tristesse, comme dans la joie, dans l’amour comme dans la colère, il reste acteur jusqu’à la moëlle des os, exalté, exubérant, souvent esclave du geste. Saurai-je faire voir ce personnage aux spectateurs des salles Telle pose naturellement affectée chez lui ne paraîtra-t-elle pas bouffonne au grand public ? Un rien, une demi-nuance pourra fausser le résultat que je cherche à atteindre. Et cette question me préoccupe vivement.

Je le regarde s’en aller de son pas alerte, et je me dis qu’il ne changera jamais. Car, dans tous ses rôles, je l’ai vu s’incorporer ainsi entièrement à son personnage, traverser les mêmes transes. N’est-ce pas là le propre d’un véritable artiste?

Et voici Miss Mary Odette qui nous apporte la grâce et la jeunesse de son sourire charmant, la simple et sincère éloquence de son regard: Combien gentiment elle se prête aux exigences de M. Volkoff et se joint à ses efforts pour vaincre, par la bonne volonté et la sensibilité artistiques, les durs obstacles que dresse entre eux la différence de langues…

Je quitte Montreuil impatient d’y retourner à la prochaine occasion, impatient surtout de voir à l’écran le beau film que sera Kean.

V. Mery